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Immunité de l'Humanité

Immunité de l'Humanité
  • L'immunité des populations est un concept proposé en 1994 (N. Gualde). Elle représente pour un groupe l'immunité collective issue de la fédération de la réponse immunitaire de chaque individu.
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13 mai 2006

Immunité des populations

Norbert Gualde est professeur d’immunologie à l’Université Bordeaux 2, Visiting Professor à l’Université du Texas. il est également Directeur de l'UMR - CNRS 5540. Il s’est beaucoup intéressé à l'histoire des grandes épidémies et de l'immunité de l'humanité (vis-à-vis de la Variole, la Peste, le Choléra, la Grippe...) Bibliographie * 1995 : Immunité et humanité: Essai d'immunologie des populations, ed L'Harmattan (Collection Santé et sciences humaines). Paris * 1999 : Un microbe n'explique pas une épidémie. Empêcheurs De Penser En Rond. Paris * 2002 : Epidémies, La nouvelle carte. Desclée de Brouwer. Paris * 2003 : Les microbes aussi ont une histoire (essai). Empêcheurs De Penser En Rond / Le Seuil. Paris * 2004 : Ce que l'Humanité doit à la Femme. Le Bord de L’eau. Bordeaux * 2006 : Histoire des épidémies - L'épidémie c'est l'homme. Empêcheurs De Penser En Rond / Le Seuil ; * 2006 : Comprendre les épidémies : La coévolution des microbes et des hommes. Empêcheurs De Penser En Rond / Le seuil. * 2006 : Resistance : The Human Struggle against Infection. Translated by Steven Rendall. Distributed for Dana Press.Washington DC 2006 De l’immunité de l’individu à l’immunité des populations L’immunité de l’individu, une machine dialogique. L’immunité est une notion si galvaudée qu’elle est devenue un argument publicitaire. Une marque de yaourt garantit des défenses renforcées à ses jeunes consommateurs, un producteur de nourriture canine vente les qualités immunitaires de ses aliments. Ainsi chacun acquiert une représentation idéalisée de l’immunité. Pour y voir plus clair, déclinons ce concept avec un peu de sérieux. Bien entendu, il ne s’agit pas ici de l’immunité des hommes politiques, mais de la faculté physiologique que nous possédons de nous défendre contre des composants de notre environnement potentiellement hostiles. En pratique, nous pouvons définir notre immunité comme un bouclier naturel nous protégeant d’agresseurs constitués en très grande majorité de micro-organismes pernicieux. L’immunité qui nous protège des microbes est le produit de l’évolution, un facteur d’adaptation à notre milieu ; sans immunité, il n’y a pas de vie possible. L’immunité n’est toutefois pas toujours synonyme d’effet bénéfique ; elle peut aussi être néfaste, elle protège ou elle tue ; elle est un bienfait ou un péril. L’immunité qui va nous intéresser à propos des défenses antimicrobiennes est celle des bienfaits qui contribuent à l’homéostasie des êtres vivants en leur conférant une protection et par là, une adaptation aux écosystèmes. La description de la machinerie immunitaire et de son fonctionnement fait régulièrement l’objet de publications par des universitaires et des chercheurs. Le dit système, peut-être en première approche, décrit sommairement selon l’organisation en trois constituants d’une Dame Gigogne. Le plus externe, celui des barrières anatomiques est composé de la peau et des muqueuses. Le second est celui de l’immunité innée. Le troisième, le plus élaboré, est représenté par l’immunité adaptative, celle de la parade spécifique contre l’agresseur et de la mémoire immunitaire. La forme achevée d’une défense efficace impose la reconnaissance des agresseurs, leur élimination et la mémorisation de leur identité. L’ensemble des processus nécessite une parfaite régulation. Le système immunitaire est donc cognitif, mnésique et régulé. Rien d’étonnant à ce que l’on parle de « rejet » de greffe ou d’injection de « rappel » de vaccin. L’étape initiale du processus de destruction d’un intrus est donc son identification. Le système immunitaire normal possède la faculté épatante de distinguer des entités qui lui sont étrangères, qualifiées de « non-soi » ou d’antigènes de ses propres tissus ou le « soi », le terme ayant ici une acception rigoureusement biologique. Pour ceux qui abordent l’immunologie pour la première fois, la distinction entre soi et non-soi est une façon manichéenne certes, mais pratique d’envisager les relations entre les divers protagonistes de la réponse immunitaire. La première difficulté pour le non averti est d’appréhender l’organisation du système. Pour mener sa fonction cognitive, celle de surveillance. L’immunité est partout présente. Sa veille n’a de cesse : elle l’assure par des cellules infiltrant nos tissus depuis la peau et les muqueuses en surface jusqu’aux organes les plus profonds. Comparer l’immunité au « Big Brother » d’un organisme qui vivait dans un éternel 1984 illustre que la vigilance du système immunitaire est permanente, elle dépasse celle du système nerveux central dont l’état de veille est au plus bas lors du sommeil. L’immunité ne dort pas ! Les cellules toujours attentives sont soit immobiles, résidentes des organes, soit mobiles, patrouillant inlassablement. L’armada cellulaire en charge de la surveillance et de la protection fédère des acteurs divers nommés polynucléaires, macrophages, cellules dendritiques, lymphocytes. Ces agents sont générés dans des structures ad hoc comme la moelle osseuse ou le thymus puis stockés dans des organes spécialisés tels la rate et les ganglions lymphatiques, nommés organes de l’immunité, et disposés dans des sites stratégiques de l’organisme. Beaucoup de ces cellules se déplacent, leur nomadisme consubstantiel à leurs fonctions est salutaire à notre intégrité. La mobilité des cellules participe à la généralisation de la surveillance, la diffusion des signaux d’alarme et la production des outils (anticorps, cellules tueuses, etc.) de l’éradication des agresseurs. L’immunité des populations humaines L’immunité des populations humaines est un concept proposé en 1994 (N. Gualde. Immunité de l’humanité. L’Harmattan) ; elle représente pour un groupe l’immuno-compétence collective issue de la fédération de la réponse immunitaire de chaque individu. La somme des réponses individuelles exprime le statut immunologique de la population vis-à-vis d’un agent pathogène donné. Plus une population comporte des individus répondeurs à l’agression, meilleure est son immunité. Lors d’un conflit prolongé (années, décennies,siècles) les facteurs de défense de la population agressée et les microbes peuvent évoluer, l’immunité des populations est un état dynamique variable dans le temps, elle connaît des phénomènes adaptatifs selon un modèle néo-darwinien mais aussi stochastique. L’immunité des populations humaines, un phénomène dont l’aspect biologique est essentiel, côtoie le volet culturel, celui des façons plus ou moins heureuses dont les hommes ont géré et gèrent les agressions microbiennes. En effet il est impossible d’analyser la relation homme-microbe, lors d’épidémies en ne prenant en compte que le seul aspect biologique. Les hommes ont toujours eu une approche culturelle des épidémies, celle qui a modulé positivement ou négativement les effets du pathogène agresseur. Comprenons que l’immunité des populations confère deux types de protections, une protection directe (ceux qui sont immunisés) et une protection indirecte (ceux qui bénéficient de l’immunisation de la majorité). Parmi les caractères cellulaires associés à l’immunité des populations on connaît le système HLA (un système d’antigènes de greffe), les systèmes de groupe sanguin ABO et Duffy, certaines hémoglobines, des médiateurs chimiques de la messagerie immunitaire dont le TNF (Tumor Necrosis Factor) et l’IL 4 (interleukine 4). Le fait que la fréquence de caractères génétiques soit affecté par l’influence, au cours du temps, de microbes sur des individus en termes d’avantages ou désavantages sélectifs indique que les micro-organismes participent au modelage du génome humain. L’immunité des populations est, pour une population donnée le statut immunitaire collectif de cette population vis-à-vis d’un microbe donné. L’état d’immunité peut être antérieur acquis à la suite d’infections microbiennes. La population est « l’héritière » d’une évolution durant laquelle ont été, en raison de la pression exercée par le microbe, sélectionner des individus possédant des caractères génétiques leur permettant de « bien » répondre en cas d’agression (épidémie par exemple). L’immunité d’une population de « bons répondeurs » sera, bien entendu, meilleure que celle de ceux ayant dans leur histoire échappé à la pression sélective. Aux côtés de l’immunité des populations préexistante (pré-résilience essentielle) il y a celle plus proche obtenue soit par la vaccination soit, pour ceux qui ont pu circonvenir une maladie infectieuse, après l’immunisation contre ladite maladie (« vaccination naturelle »). Il s’agit d’une immunité des populations récente (accidentelle) qui ne s’installera dans les gènes que si la pression d’une épidémie s’installe de façon durable. La vaccination n’ayant aucune action coercitive sur l’évolution ne peut aboutir à l’installation d’une immunité des populations inscrite dans le génome. Ainsi existent deux types d’immunité des populations humaines, la pré-résilience essentielle appartenant es qualité à un groupe et s’exprimant, en cas d’épidémie, sous la forme d’une immunité accidentelle survenant au décours des accidents infectieux. L’histoire de la variole illustre bien les deux types d’immunité. Durant des siècles, la maladie due à un virus strictement humain a frappé les populations européennes, la mortalité était élevée, mais le tribut démographique installa progressivement une pré-résilience essentielle des populations européennes vis-à-vis de la variole. Toutes choses égales les Européens « résistaient ». Ce type d’immunité, pré-résilience essentielle, n’existait pas chez les Amérindiens toujours épargnés par la calamité jusqu’à l’arrivée des Espagnols. Sans pré-résilience antivariolique essentielle les populations Aztèques et Incas faillirent disparaître lorsqu’elles eurent à affronter le virus du vieux continent. Dans les années soixante-dix, la campagne de vaccination de l’OMS éradiqua la variole. Le monde était alors peuplé pratiquement d’une seule population riche d’une immunité antivariolique accidentelle. Depuis 1980 on ne vaccine plus aussi tous ceux nés depuis cette date sont dépourvus de la bénéfique protection. La population humaine est, en termes d’immunité, scindée en deux groupes. Celui qui a connu (au sens immunologique) l’immunisation accidentelle et celui demeuré vierge de toute manœuvre immunisante. Les interactions hôte microbe et la co-évolution, la Reine rouge ; culture et résistance « Well is our country », said Alice, shill painting a little,you’d generaly get to somewhere else-if you ran very fast for a long time as we’ve been doing ». « A slow sort of country ! » said the Queen. « Now, here, you see, it takes all the running you can do, to keep in the same place. If you want to get somewhere else, you must run at least twice as fast as that ! ». Le dialogue ci-dessus a lieu entre Alice et la reine (rouge) du jeu d’échec dans le chapitre 2 du roman de Lewis Caroll, « De l’autre côté du miroir ». Le modèle de la Reine rouge est désormais fameux pour les aficionados de l’étude des relations entre hôte et microbe, il s’agit d’une hypothèse proposée par Leigh Van Valen qui, comme l’écrit Claude Combes a suggéré que « la plus importante composante de l’environnement pour une certaine espèce vivante est représentée par les autres espèces de l’écosystème avec lesquelles elle interagit ». En d’autres termes, il existe entre hôte et pathogène une co-évolution. « La co-évolution est le processus par lequel deux adversaires acquièrent sans cesse de nouvelles adaptations pour ne pas être distancés par «l’autre». C’est un enchaînement de pressions sélectives réciproques » Le devenir de la myxomatose australienne est un très bon exemple de co-évolution. La maladie due au virus Myxoma transmise par la puce ou des moustiques, fut introduite en Australie en 1950 pour réguler la prolifération des lapins sauvages (oryctolagus). Comptés en centaines de millions, tous issus d’une dizaine de couples transportés sur le continent en 1859, les lapins de garenne devinrent une nuisance pour les Australiens. Quatorze années après l’introduction du virus, 99 % des lapins étaient éliminés, le virus n’épargnant qu‘une extrême minorité d’animaux. Au terme de l’effondrement démographique ne survécurent que des animaux résistants. Le virus connut conjointement des modifications, leurs transformations le rendirent moins virulent. La résistance des lapins s’en trouva confortée, ils réoccupèrent le territoire perdu. La co-évolution est également observée dans le cas du virus de l’immunodéficience du singe (VISm) un taux élevé de virus circulant sans déficit immunitaire. L’absence de manifestation pathologique n’est pas due à un processus de défense particulièrement efficace mais à une adaptation du singe diminuant la susceptibilité à l’infection virale. Chez les mangabays, des modifications des récepteurs appelés CD4 et CCR5 ont rendu leurs cellules immunitaires « imperméables » au VISm. Tout indique une évolution du virus et de ses récepteurs modifiant le rapport de susceptibilité entre l’hôte et le microbe. En fait, la co-évolution hôte-microbe est un des thèmes les plus riches en spéculations intellectuelles lors de toute réflexion en infectiologie. Comme dans la situation où Alice et la Reine rouge se déplacent simultanément à l’environnement, microbe et hôte, agresseur et agressé utilisent au cours du temps leurs adaptations compensatrices. Le plus souvent le microbe inventeur de virulence « tire » son hôte mais cela n’est pas une règle absolue ; nous avons vu que le virus Myxoma, pour sa part, avait perdu de la virulence. Disons qu’habituellement le microbe génère une ou des mutations délétères pour l’hôte qui par rétroaction évolutive installe un processus de parade adapté à la nouveauté microbienne. Un tel schéma n’a de sens que dans le contexte de conflits chroniques, de pandémies durables (peste, choléra, paludisme, sida par exemple). Il est en effet difficile d’appliquer le modèle de la Reine rouge à de brèves infections. Il est également difficile d’imaginer que microbe et hôte, navires du chaos dans le monde du vivant, se dirigeraient de conserve vers un état où leur nocivité réciproque déclinerait. Le modèle co-évolutif ne peut être transposé à l’homme sans prendre en compte les aspects « culturels » de la relation de notre espèce avec les microbes. Les modèles mathématiques des épidémies, eux également, doivent intégrer l’aspect culturel de la co-évolution homme-microbe. L’interprétation est encore plus ardue lorsque l’agent responsable d’une endémie utilise un hôte intermédiaire. Dans le cas de la malaria, la co-évolution peut potentiellement contribuer aux modifications des gènes du parasite, de l’homme et du moustique. Comme l’a écrit un chroniqueur scientifique : « On a montré que le paludisme a évolué pour transformer le moustique en l’équivalant d’un Comte de Dracula assoiffé de sang ». L’idée qu’un hôte s’adaptait à l’attaque microbienne n’est pas récente, déjà en 1947, Jules Bordet écrivait : « Supposons qu’une maladie souvent mortelle, la peste par exemple, s’attaque à une collectivité humaine et admettons que sur cent personnes atteintes, vingt-cinq seulement guérissent. À quoi celles ci doivent elles ce privilège ? Elles sont adaptées …Agissant sur une collectivité, la maladie a opéré une sélection. Elle a donné lieu à la réaction protectrice appropriée chez les sujets qui disposaient à cet effet des potentialités, d’ailleurs fortuites, que ne possédaient pas au même degré ceux qui ont succombé ». Plus anciennement, le modèle de Lokta-Voltera établi sur la relation prédateur-proie, c’est à dire sur une interaction un peu éloignée des microbes et de l’hôte pouvait s’accorder grossièrement avec celui de la Reine rouge. Dans le cas de l’homme, on connaît des micro-organismes qui depuis l’origine de l’humanité, ou presque, sont intervenus sur son développement. La malaria fut et demeure la cause d’une pression sélective importante. La trypanosomiase, ou maladie du sommeil, a très probablement joué un rôle dans l’évolution des hominidés. La mouche tsé-tsé sert de vecteur au parasite. La mouche et sa cargaison malsaine ont certainement voisiné avec les premiers hominidé africains, exerçant une telle influence qui pour Reichlolf aurait été le facteur déterminant du départ de la migration humaine responsable du peuplement de la terre à partir du berceau africain. En somme on s’accorde actuellement sur un modèle interactif entre hôte et agent pathogène correspondant à la co-évolution symbolisée par la Reine rouge. Cette conception de la marche à la fois antagoniste et commune entre l’hôte et le pathogène s’accorde avec le concept de polymorphisme équilibré évoqué plus haut, par exemple dans le cas de l’hémoglobine S. Théoriquement, la sélection naturelle, productrice d’hôtes résistants par rétroaction à l’agression infectieuse devrait induire des agents pathogènes de virulence supérieure ce qui est loin d’être une règle. Pour le microbe, une maladie rapidement fatale réduit sa propre diffusion, voire, à termes, sa persistance. La Reine rouge a plus d’un tour dans son sac, la co-évolution génère parfois des agents pathogènes qui, pour circonvenir les processus de rejet de l’hôte, l’imitent. Ainsi, le streptocoque possède des caractères antigéniques communs avec le cœur et le rein humain, le colibacille avec le colon, le trypanosome avec le nerf et le cœur etc. Face à l’adversité des épidémies, l’espèce humaine a payé le tribut pour sa survie. Elle possédait (et possède) en guise de viatique pour le long voyage de la co-évolution des gènes de résistance aux maladies. Notre relation avec les micro-organismes pathogènes est dynamique, complexe, évolutive. Hommes et microbes essayent de circonvenir leurs effets réciproques. Le virus de la grippe est extraordinaire dans ses facultés de transformation. Issu des oiseaux, le virus humain est capable d’évoluer fort rapidement et de puiser chez d’autres virus grippaux (aviaires, du porc etc.) de l’information génétique susceptible d’augmenter sa virulence. Le jeu co-évolutif homme-microbe est biaisé par l’apport culturel aux défenses naturelles de l’homme (vaccins par exemple). La pression des traitements induit par ailleurs la sélection d’agents infectieux résistants. Nous trouvons là, le troisième facteur, le partenaire « culturel » des protagonistes de la co-évolution sachant que les microbes pourraient avoir, en raison de la longue course en commun avec l’humanité, une influence sur ses comportements. La supériorité physiologique et immunitaire de la femme Les femmes ont une durée de vie supérieure à celle des hommes, en partie par une meilleure hygiène et une diète plus équilibrée, et sont moins portées sur les rixes et autres conflits handicapants, voire létaux. Elles résistent aussi mieux aux douleurs et aux conditions extrêmes comme l’a prouvé leur meilleure résistance aux famines ou aux camps de concentration. Une partie des réponses est à trouver dans leur évolution immunitaire : « de très nombreux rapports scientifiques attestent que la réponse immunitaire des femmes est meilleure que celle des hommes […] confrontée à plus de coercition que l’homme, elle a connu et affronté des processus sélectifs plus puissants […] les femmes constituent un groupe plus compétitif », d’autant que « la suppression des hormones mâles améliore l’immunité »… Mais un système immunitaire plus sensible et réactif se paie : « les trois quarts des personnes dont le système immunitaire dérape et les agresse sont des femmes. En somme, la femme gère mieux les affections microbiennes, mais son équipement défensif dérive anormalement vers l’auto-agression […] près de 75% des 80 maladies auto-immunes connues sont plus fréquentes chez la femme », pour des raisons encore mal cernées. Alors, que sait-on exactement, Le système immunitaire est un « appareil relationnel avec notre environnement », qui possède une « mémoire immunologique » supportée par un nombre considérable de cellules plus ou moins spécialisées et de divers tissus, équivalant à « 2 % de notre corps et 20 % de l’ensemble de nos cellules impliquées dans les processus de défense ». Et comme « la sensibilité des Amérindiens aux agents infectieux serait consécutive à leur homogénéité génétique », c’est la raison pour laquelle on a parfois assimilé « la reproduction sexuée à une véritable vaccination », car elle introduit une diversité qui renforce et augmente la résistance de la progéniture aux agents infectieux. Cette vaccination commence dès la gestation, jusqu’à l’allaitement : « la mère a l’immunité altruiste, elle la partage avec sa progéniture ». Un calcul sur une progéniture traditionnelle suffit : « au cours de sa vie une Gambienne allaite ses enfants durant deux ans, aussi produit-elle 3000 à 4000 litres de lait. Par conséquent, son investissement parental est considérable ». En fait, l’apport continue bien après l’âge de procréation : « le concours de la femme est essentiel à cet apport car sa durée moyenne de vie est plus longue que celle de l’homme ; elle contribue donc de façon plus prolongée à la protection du groupe ». Rôle du système HLA Le système HLA est le répertoire immunitaire des groupes humains. Et dans une expérience désormais célèbre, « il a été montré, à la fin des années 90, que les caractères HLA avaient une influence sur le fumet des hommes dont l’odeur était d’autant plus plaisante pour la femme qu’elle était associée à des caractères moléculaires HLA différents de celle qu’elle porte […] tout se passe comme si la femme souhaitait un partenaire génétiquement éloigné pour la reproduction et un homme plus proche des caractères HLA paternels pour le rôle familial ». Nos préférences sexuelles sont donc guidées inconsciemment et génétiquement : « l’odeur de notre corps est biologiquement influencée par nos molécules HLA et l’odeur du corps de l’autre influence le choix du partenaire sexuel ». Une conséquence est le tabou d’inceste, commun au règne animal en général, même lorsque qu’un couple ignore sa proximité familiale : « cela est d’autant plus troublant que le petit morceau de chromosome en cause, celui portant les gènes du système HLA, est le siège chez la femme –plus souvent que chez l’homme– de ce qu’il est convenu d’appeler recombinaisons ». Eh oui, la conscience ne contrôle pas tout, quoi qu’il lui en coûte de le reconnaître : « nous savons maintenant que la notion de culture n’est pas réservée à l’espèce humaine ce qui pose question sur les origines mêmes de la culture. Ce que nous ignorons c’est comment nos gènes influencent notre culture et comment la culture modèle l’évolution génétique ». Aussi convient-il un minimum d’humilité : « le spécialiste des sciences sociales qui refuse obstinément l’idée que la biologie joue un rôle important dans les variations du schéma cognitif d’une personne à l’autre n’est plus un scientifique, il est devenu idéologue ». Des différences entre les sexes « Beaucoup d’enquêtes indiquent que lors d’agressions infectieuses, les évolutions défavorables chez la femme sont plus de causes sociales que biologiques ». L’accès à une bonne nutrition y est un critère prépondérant, d’autant qu’en situation de sous-alimentation ou de malnutrition, une mère a tendance à se sacrifier pour ses enfants. Inversement, le régime trop carné auquel les hommes avaient préférentiellement accès leur fut fatal lors des épidémies de peste. Pire, la biologie et l’éthologie humaines renforcent l’inégalité face à l’infection du SIDA : « l’homme séropositif libère une plus grande quantité de virus que la femme contaminée. Le risque de la transmission homme-femme s’en trouve accru [d’autant que souvent] les femmes sont économiquement, socialement et culturellement subordonnées à leur partenaire sexuel. Elles sont, dans les pays où il est coutumier que les hommes aient plusieurs partenaires sexuelles, particulièrement exposées au risque de contamination. Elles ont habituellement des difficultés à faire accepter à l’homme des mesures préventives d’où l’impossibilité pour elles d’évaluer le risque de contamination par un partenaire inconstant ». Sans parler que la transmission placentaire puis lactaire devient alors un cadeau empoisonné : « la mère transmet le virus à son enfant durant la gestation [ou] l’allaitement ». Par ailleurs, existent les « chromosomes tueurs » : « chez certaines espèces, y compris des mammifères, des chromosomes sexuels qualifiés de tueurs déséquilibrent la distribution attendue dans les sexes de la descendance » en s’attaquant préférentiellement aux chromosomes mâles selon des stimuli mal connus. Mais les faits sont là : « le sex-ratio aurait tendance à décroître dans de nombreux pays industrialisés […] Chez les animaux élevés dans des conditions écologiques et biologiques difficiles, l’altération du sex-ratio est assez constante » en faveur des femelles. Enfin, la bactérie Wolbachia peut chez certains arthropodes modifier l’expression génétique du genre : « le mâle ne pourra se reproduire s’il s’accouple avec une femelle non-infectée […] De surcroît, dans quelques espèces d’insectes, Wolbachia transforme les mâles qu’elle infecte en femelles […] Chez les hyménoptères, Wolbachia élimine les mâles et favorise la parthénogenèse chez les femelles […] pouvant aboutir à une population composée de 90% de femelles »… On oublie souvent que l’existence actuelle de deux genres n’est que le développement parachevé d’une spécialisation cellulaire et/ou hormonale l’origine des plus ténues… L’hypothèse de la grand-mère Comment expliquer l’unicité de la ménopause dans le règne animal ? Elle ressemble plus à un handicap pour la femme, puisqu’elle réduit a priori le nombre de ses descendants au cours de sa vie, là où l’homme reste fécond. Mais la sociobiologie a identifié « une relation incontestable entre la nature, la ménopause, et le rôle supérieur de la femme âgée dans la culture des jeunes ». En effet, « la majorité des humains incitaient les grands-mères les plus vigoureuses à aider leurs filles et leurs petits-enfants permettant un sevrage plus précoce des très jeunes. La grand-mère accroît la fécondité de la jeune femme en la libérant. Par conséquent, la perte de la fécondité de la grand-mère augmente celle de la descendance. De plus, la grand-mère peut se consacrer à la protection et à l’éducation de ses petits-enfants ». Et « tout ceci suggère, avec d’autres observations, que la ménopause d’apparition précoce et d’installation rapide dans la vie de la femme serait le produit d’une adaptation avantageuse pour l’espèce humaine ». http://www.bdsp.tm.fr/Base/Scripts/ShowA.bs?bqRef=321416 http://www.ammppu.org/litterature/gualde_microbes.htm http://fr.wikipedia.org/wiki/Norbert_GUALDE http://www.histoire.presse.fr/lire.asp?Sku=304&Titre=Les+m%E9tamorphoses+de+la+grippe http://www.cths.fr/4DACTION/www_Con_Communic/1730 gualde immunit__de_l_humanit_1 ccr5 La mutation delta 32 du CCR5, corécepteur du VIH fut positivement sélectionnée par la pression de la variole. comprendre1 reine_rouge1 Lorsque l'immunité des populations comporte peu d'individus immunisé, la résilence est faible (figure du haut) ; un groupe comportant une majorité de sujets immunisés (figure du bas) possèdera une bonne résilience. r_silience
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